SEBASTIEN NOUS PARLE … « QUINOA ET DEVELOPPEMENT DURABLE »


Nous rencontrons aujourd’hui Sébastien Beauvallet : responsable du Service Céréales au sein de la Coopérative Agricole du Pays de Loire. Depuis 17 années, Sébastien à occupé plusieurs fonctions au sein du groupe. D’abord à l’agronomie puis aux approvisionnements, il s’occupe depuis 3 ans du développement des filières végétales et vient de prendre la suite de Patrick Bremaud à la direction du service céréales. L’occasion pour lui de nous en apprendre davantage sur la culture du Quinoa et comment cette dernière s’inscrit parfaitement dans une logique de développement durable.

Le Quinoa n’étant pas une plante endémique de l’Anjou, peux-tu nous expliquer comment elle a été introduite dans nos régions et par extension comment à t’elle trouvée sa place au sein de la CAPL ?

« Au milieu des années 2000, Jason Abbott, chercheur en Agriculture d’origine américaine et installé en Anjou a cherché des plantes sans gluten pour diversifier l’alimentation de sa fille diagnostiquée cœliaque*. Ses recherches l’ont amené à travers l’Europe où il a identifié un programme de sélection de variétés de Quinoa. Cette plante naturellement sans gluten et traditionnellement cultivée en Amérique latine cochait les cases de sa recherche. Le hasard des rencontres a permis à la Coopérative Agricole du Pays de Loire de croiser la route de Jason Abbott. C’est ainsi que rapidement a germé l’idée de créer une filière Angevine de production de Quinoa.

La première parcelle de Quinoa d’Anjou a été produite en 2008 et désormais, avec le travail de recherche variétale mené par Jason et l’investissement dans les équipements de travail des grains après récolte chez CAPL, la filière de production de quinoa d’Anjou est la première de France et représente 30% de la consommation française de Quinoa, le reste étant couvert par l’importation en provenance d’Amérique Latine. Cette production originale en 2008 est devenue une culture courante dans les assolements des producteurs angevins aujourd’hui. Elle est systématiquement conduite dans le cadre d’une démarche de Filière en contractualisant en amont des surfaces avec les producteurs et en aval des volumes avec les clients de l’agroalimentaire.

C’est une filière importante pour la CAPL car elle a ouvert l’accès à une autre catégorie de clients de l’aval et à une commercialisation de graines aptes à être utilisées directement par le consommateur final. C’est dans ce cadre que d’autres graines sont venues alimentées le portefeuille de production filière que la Coopérative propose à ses adhérents (lentilles, Pois Chiches, Sarrasin, Psyllium).

Désormais, fort de cette expérience du Quinoa et du développement sur d’autres petites graines, l’ambition est d’être toujours plus en mesure de répondre aux besoins de nos clients de l’aval en apportant de la valeur ajoutée à nos producteurs. C’est ainsi que le projet Perles d’Anjou est devenu une évidence pour renforcer cette ambition.

La diversification des cultures fait partie intégrante des enjeux de nos agriculteurs. En comparaison avec d’autres cultures traditionnelles, peux-tu nous présenter les spécificités de la culture du Quinoa ?

La zone de production originelle (Amérique latine – Chili/Bolivie) du Quinoa explique en grande partie la capacité de cette plante à s’adapter à des contextes pédoclimatiques très différents. Cette culture est relativement indifférente au type de sol sur laquelle elle est produite (sableux, argileux, limoneux) et a cette capacité à résister à des stress que d’autres cultures n’ont pas. Gel, excès d’eau, sécheresse, bien qu’ayant des impacts sur sa production, ils sont relativement modérés au regard des autres cultures. Par exemple, cette année la sécheresse ainsi que les fortes températures estivales ont été très préjudiciables pour les cultures d’été (tournesol, millet, sorgho, sarrasin, maïs). A proportions égales, le Quinoa a été moins impacté. Son cycle plus court et sa capacité naturelle à résister aux aléas climatiques en sont la principale raison.

C’est pour cela que le Quinoa est une culture intéressante dans les rotations des agriculteurs. Peu gourmande en eau, botaniquement différente des autres cultures, étant en capacité à résister naturellement à certains ravageurs si le producteur respecte un itinéraire technique précis, elle est environnementalement parlant intéressante à beaucoup d’égards.

Les français consomment environs 6 Tonnes de Quinoa par an. Le tiers de cette production provient d’Anjou quand le reste provient majoritairement des importations. Peux-tu nous dire à ce jour le pourcentage produit par la CAPL et ses adhérents ? Par extension, quel intérêt représente une culture locale du quinoa ?

Le Quinoa d’Anjou représente 90% du quinoa produit en France et 30% de la consommation française. C’est la filière historique de Quinoa en France et de loin la première en production. Toutes les étapes de la production à l’expédition vers nos clients français se déroulent sur le territoire de l’Anjou. Actuellement les graines produites par nos adhérents sont séchées, nettoyées, triées, conditionnées et stockées sur notre site historique de Brissac Quincé. Mais l’évolution du marché et la diversification sur d’autres graines protéinées font que nous sommes à l’étroit sur ce site.

Le projet Perles d’Anjou a toujours été imaginé dans un esprit de circuit court et d’économie locale. Il permet de maintenir un tissu agricole plus dense sur le territoire en apportant de la valeur ajoutée aux producteurs. L’outil, situé à Longué Jumelles au milieu du territoire de la coopérative, permettra aussi l’embauche de nouveaux salariés et de faire travailler des entreprises partenaires locales aussi bien dans le transport que dans la prestation de services.

Enfin, dans une approche plus macro-économique, ce nouvel outil participera à un objectif de production sur le territoire français afin de renforcer notre résilience.

Quelques mots pour conclure : quelles sont tes espérances pour la filière Quinoa Made In Anjou ?

Le projet Perles d’Anjou nous permettra de segmenter davantage notre offre de Quinoa et de répondre encore mieux aux attentes de nos clients. Nous proposons déjà 3 couleurs différentes (blanc, rouge, noir), des certifications différentes (conventionnel, HVE, BIO), des conditionnements différents.

Demain, notre objectif est de proposer des graines décortiquées, polies ou brossées, de panacher les livraisons avec d’autres graines et d’avoir la capacité d’innover dans nos gammes.

La satisfaction de nos producteurs et de nos clients, la traçabilité, la sécurité alimentaire et l’innovation sont les axes stratégiques de développement de la filière Quinoa d’Anjou. L’outil Perles d’Anjou est la clef de voute de cette ambition.